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L'œuvre de prière est une voie d'anéantissement

 

« Notre œuvre est que Dieu dans nous soit tout, et nous, rien  … »


L’œuvre de prière pour Saint-Martin est préalablement une voie d’anéantissement, car elle est, en son étonnante perspective, un chemin au bout duquel Dieu vient prier lui-même en nous, nous faisant passer de l’assujettissement face à la mort aux promesses de la résurrection. Accepter de se faire un « véritable rien », selon l’expression du Philosophe Inconnu, c’est permettre l’éclosion divine, c’est assister en soi à la transformation des éléments mortels en une substance d’immortalité.

« Voilà le véritable abandon, nous révèle Saint-Martin, voilà cet état où notre être est continuellement et secrètement amené de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, et si on ose dire, du néant à l’être ; passage qui nous remplit d’admiration, non seulement par sa douceur, mais bien plus encore parce que cette œuvre reste dans la main divine qui l’opère, et qu’heureusement pour nous, elle nous est incompréhensible, comme toutes les générations dans toutes les classes le sont aux êtres qui en sont les agents et les organes… » [1]

Incompréhensible génération divine, dont l’opération échappe même à Dieu :

« je ne crains pas même d’avancer, soutient Saint-Martin, que Dieu se ravit perpétuellement dans sa propre génération, mais que s’il l’a comprenait, elle aurait un commencement, puisque sa pensée serait antérieure à cette génération… » [2].

Ce qui s’accomplit dans le cœur de l’homme, par l’effet de cet anéantissement, relève donc d’un ordre tellement élevé que l’on éprouve de la peine à en énoncer le mystère. Les fruits de l’abandon sont d’une telle nature, d’une telle surabondante grâce, que l’esprit est soudain saisi d’un trouble qui se justifie aisément, mais qui n’est pourtant pas en mesure de nous voiler complètement le caractère extraordinaire de ce qui se déroule dans l’interne.

Le sens propre de la prière du cœur, pour Saint-Martin, le fruit de l’oraison intérieure, est précisément situé dans l’accomplissement de ce quasi « envahissement » divin dont nous sommes l’objet, par la surprenante arrivée, dans notre fond, de l’Incréé, de ce qui dépasse tout entendement et toute raison, c’est-à-dire du Verbe éternel qui vient prononcer son inestimable Parole au centre de notre centre, dans ce Sanctuaire où seul doit régner le désir de Dieu.

Notes.

  1. La Prière, in Œuvres posthumes, réédition Collection martiniste, Le Temple du cœur, Diffusion rosicrucienne, 2001,p. 58.
  2. Ibid.

Autel