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La voie silencieuse de la contemplation

 

« Retirez-vous dans la caverne d’Élie, jusqu’à ce que la gloire du Seigneur soit passée. »

 

Le monde divin et sa relation au silence de l’âme

 

Louis-Claude de Saint-Martin insiste sur l’importance fondamentale du silence (et même de « l’ombre », ce qui peut s’entendre comme lieu de « retraite » et fuite de l’agitation du monde), pour l’âme qui souhaite entrer dans la proximité intérieure de la Vérité : « L’ombre et le silence sont les asiles que la Vérité préfère ; et ceux qui la possèdent, ne peuvent prendre trop de précautions pour la conserver dans sa pureté…» (Des erreurs et de la vérité). 

Il reviendra de nombreuses fois, en des termes explicites, sur la relation qui unit la « Sagesse » et la « Vérité », délivrant un enseignement « silencieux » : « Sagesse, sagesse, toi seule sais diriger l’homme sans fatigue et sans danger, dans les paisibles gradations de la lumière et de la Vérité. Tu as pris le temps pour ton organe et ton médiateur ; il enseigne tout, comme toi, d’une manière douce, insensible, et en gardant continuellement le silence ; tandis que les hommes ne nous apprennent rien avec la continuelle et excessive abondance de leurs paroles. » (L’Homme de désir, § 15). 

Son conseil est clair, il convient d’abandonner les « moyens mécaniques » et artificiels si nous voulons entrer dans « l’œuvre divine », s’éloigner des formes externes pour se laisser entièrement « agir par l’Esprit » en lui permettant de déverser l’onction sainte, de sorte que la Sagesse qui s’est « anéantie » en s’assimilant à la « région du silence et du néant », veille à ce que ces régions ne fussent point troublées. 

L’Esprit n’a besoin que d’une chose, l’arrêt de notre action, la tranquillité de notre âme, notre totale passivité et la suspension de tous nos mouvements, pour qu’il puisse, et lui seul, accomplir l’œuvre divine. L’ouverture de la « Porte Sainte », ce qui signifie la porte du Sanctuaire, s’acquiert par le repos, le recueillement, la paix et « le silence de la retraite dans le calme de la nuit » : 

« Le tumulte de ses pensées agite trop son atmosphère : il ne peut t’écouter que dans le repos. Poursuis-le dans le silence de la retraite et dans le calme de la nuit. Appelle-le, comme tu appelas Samuel. Empare-toi de ses sens doucement, et sans que ses facultés puissent s’opposer à ton approche. Transforme-le en homme de paix, en homme de désir, afin qu’ensuite tu puisses lui ouvrir la porte sainte. » (L’Homme de désir, § 177). 

Ainsi s’explique le fait que certains, multipliant les actes et les formes externes, s’imaginant être dans la « voie de Dieu » en sont fort éloignés, alors que d’autres âmes, plus retirées, plus recueillies et silencieuses, sont, par grâce, dans la participation des lumières saintes de l’Esprit Divin : 

« Oh ! Combien d’hommes sont dans la voie sans le savoir ! Combien d’autres se croient dans la voie, pendant qu’ils en sont si éloignés ! Attendez en paix et en silence. Retirez-vous dans la caverne d’Élie, jusqu’à ce que la gloire du Seigneur soit passée. Qui de vous serait digne de la contempler ? Ce n’est point à l’homme faible que la gloire du Seigneur est promise ; avant d’en jouir, il faut que la pensée de l’homme ait recouvré son élévation. » (L’Homme de désir, § 202). 

Extraits de : Jean-Marc Vivenza, L’esprit du saint-martinisme. Louis-Claude de Saint-Martin et la « Société des Indépendants », La Pierre philosophale, 2020.

 

 

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